La pandémie de la Covid-19 a laissé plusieurs séquelles dans le domaine du cinéma français. Alors que ce secteur essaye de se remettre à flot, il doit faire front contre l’avancée extrêmement concurrentielle des plateformes de streaming. HBO, Netflix, Disney, Amazon de véritables géants se sont lancés dans la course. Ils offrent, aujourd’hui, des abonnements mensuels ouvrant accès à des pléthores de contenu pour des prix n’excédant pas le prix d’une place de ciné.
Tout cela est sans compter les désaccords qui opposent le 7eme art au gouvernement et au centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Dans un contexte aussi chaotique, les acteurs de ce secteur souhaitent que des états généraux soient tenus.
Un tableau obscur
Actuellement, le secteur du cinéma français se retrouve dans une situation délicate. Tous les efforts qu’il a consentis ne lui ont pas permis de retrouver le niveau qu’il avait avant la période pandémique. Ainsi, en 2022, ses recettes étaient estimées à près de 1,1 milliard d’euros. Bien que ce chiffre implique une hausse de 59 % par rapport à 2021, il n’en demeure pas moins inférieur, comparé aux recettes engrangées avant la crise sanitaire.
De plus, les salles de cinéma semblent connaitre des difficultés de plus en plus grandes à tenir en haleine leurs spectateurs. Elles subissent constamment les assauts des différentes plateformes de streaming qui sortent les films de plus en plus récents et produisent même désormais leurs propres fictions. Les salles voient donc leur public les boycotter pour se rapprocher de ces plateformes.
À cela s’ajoutent les récentes annonces du CNC qui ne sont guère du goût de tous les professionnels du secteur. En tant que partie prenante, ceux-ci estiment que leurs besoins ne sont pas assez pris en compte. D’autres vont plus loin en accusant le président Macron de vouloir imposer des critères de rentabilité aux créations cinématographiques. Selon eux, cette approche bouleversera le système qui régit le cinéma français.
Un appel à l’organisation des états généraux
Pour trouver une solution à la situation problématique qu’il traverse, le cinéma français souhaite donc que des états généraux soient organisés au plus vite. Cette idée est soutenue par plusieurs organisations professionnelles de réalisateurs, de diffuseurs, d’acteurs, de producteurs et de techniciens. Elle a déjà reçu l’approbation de certaines personnalités : Arnaud Desplechin, Saïd Ben Saïd, Agnès Jaoui, Élisabeth Pérez, Carole Bouquet…
Tous ces protagonistes entendent défendre un modèle purement français du cinéma et invitent le CNC à réellement prendre ses responsabilités. Au terme des négociations, ils aimeraient constater de nettes améliorations. Par exemple, ils souhaitent que certaines aides soient allouées aux salles et cinémas indépendants. Ils désirent également qu’une chronologie soit instaurée auprès des médias. Cette mesure restrictive est censée offrir une meilleure protection aux films sortis en salles. Elle imposera un délai que les chaînes de télévision et plateformes à la demande devront respecter avant d’exploiter les films.
La question épineuse de la véritable inflation des productions américaines qui finissent par formatter un public de plus en plus large depuis plus de 50 ans, n’est pas posée et pourtant, elle a son importance.
Des réponses mitigées
La contestation des professionnels du cinéma français a débuté depuis un bon bout de temps. En plus de faire entendre leur voix, les protagonistes ont effectué diverses formalités administratives pour avoir gain de cause. Cependant, les réponses qu’ils reçoivent ne lassent d’être mitigées et peu concluantes. Pour l’instant, le gouvernement français n’a fait aucun commentaire sur la situation. Veut-il vraiment un cinéma français ? Rien n’est moins sûr. Il s’est signé, toutes ces années passées, pour être résolument, totalement et même jusqu’à l’extrême Européiste.
Quant au CNC, il affirme prendre à cœur les enjeux liés à la création cinématographique en France. Il essaye continuellement de rassurer les parties prenantes de la protestation et certifie qu’il œuvre depuis quelques mois pour remédier aux problèmes. Il dit aussi s’être concerté avec certaines organisations professionnelles et selon lui, ces concertations ont déjà permis de relever les besoins du secteur et de mettre en place les mesures requises pour les satisfaire. Quoi qu’il en soit, les résultats se font attendre.